LES DIFFÉRENTES FORMES DE GEIKO

(OU KEIKO)

1 – UCHI KOMI GEIKO (UKG)

a – UCHI KOMI BO

Les coupes élémentaires sont portées sur des petits shinaï courts (ou de longueur normale) tenus par un partenaire.

b – UCHI KOMI DAÏ

Les cibles sont fixées sur un support (poteau …) pour recevoir les coupes.

c – UCHI KOMI NINGYO

Utilisation d’un mannequin recouvert d’une armure.

d – UCHI KOMI GEIKO (forme aboutie = face à face et port de l’armure)

-> MOTO DACHI casqué : en chudan kamae fait des ouvertures nettes plus ou moins importantes selon le niveau de KKR, reçoit la coupe, s’efface (éventuellement avance d’un pas) et se retourne, chudan kamae …. etc, il n’accepte les coupes de KKR que s’il a fait une ouverture (sinon reste au centre, ne laisse pas KKR dans son erreur = feed-back immédiat), il travaille énormément mentalement (visionne les erreurs de KKR, ses temps de latence, les opportunités que cela lui donnerait pour debana ou nuki …. ), il ne délivre une coupe directe ou en réplique que de façon EXCEPTIONNELLE et en générale pour faire prendre conscience à KKR d’une erreur (faiblesse de sa garde ou latence) , pas pour “marquer” lui-même.

-> KAKARI casqué (peut éventuellement ne pas être casqué) : suit les déplacements de MD (s’il en fait) en respectant la distance décidée par l’enseignant pour l’exercice particulier (soit issoku, soit nissoku), visionne les ouvertures, délivre les coupes correspondantes, passe de environ 3 à 4 okuri ashi aprés le ki ken taï, se retourne.

-> PROCEDURES POSSIBLES : – soit MD reste immobile à distance nissoku (concentration) et avance d’un pas et ouvre immédiatement (découvre la cible).

– soit MD exécute 2 ou 3 déplacements nets et de petite envergure en choisissant parmi les 4 directions avant-arrière-droite-gauche (en général à distance issoku) avant de faire l’ouverture.

– selon le niveau de KKR et les consignes de l’enseignant, MD peut proposer quelques rares ouvertures enchaînées pour amener KKR vers NIDAN WAZA

-> ATTENTION : – UCHI KOMI GEIKO ne doit pas devenir un KAKARI GEIKO.

– UCHI KOMI GEIKO ne doit pas devenir un exercice d’enchaînements prévisibles, de routines (garder le kime et le zanshin).

  • MD ne doit en aucun cas se laisser entraîner vers autre chose que UKG, il doit rester le “maître du jeu” sinon il doit arrêter et proposer le Kakari Geiko

2 – KAKARI GEIKO (KKRG)

-> MOTO DACHI casqué : en chudan kamae fait des ouvertures nettes peu importantes (ou bien lance une attaque), reçoit la coupe (directe ou réplique à son attaque), s’efface, se retourne, chudan kamae, donne la bonne distance et offre l’ouverture (ou l’attaque) SANS TEMPS D’ARRET …. etc

-> KAKARI casqué : respecte la distance (soit issoku, soit nissoku), visionne les ouvertures, délivre les coupes correspondantes (ou répliques aux attaques), passe de environ 3 à 4 okuri ashi après le ki ken taï, se retourne chudan kamae+bonne distance et enchaîne SANS TEMPS D’ARRET.

-> PROCEDURES POSSIBLES : – soit la succession des coupes est prévue à l’avance (KKRG formalisé).

– soit la succession est laissée à l’initiative de MD (niveau plus difficile).

– la succession peut comporter : des coupes fondamentales isolées associées ou non à NIDAN WAZA, à SANDAN WAZA, à TAI ATARI, à des OJI WAZA (répliques à des attaques de MD).

-> ATTENTION : – à garder la forme correcte et les distances.

3 – HIKITATE GEIKO (HTG)

-> MOTO DACHI casqué : nécessité d’un bon motodachi qui va se déplacer dans la situation d’un assaut, il ne propose pas d’ouvertures, il ne laisse pas s’installer de temps morts, attentes ou latences de la part de KKR; celles-ci et les opportunités non-visualisées par KKR sont aussitôt sanctionnées par l’attaque de MD. Les ouvertures dues à une négligence ou une faiblesse de la garde de KKR sont aussi sanctionnées d’une coupe de MD. MD peut parfois développer des techniques de réplique à l’attaque de KKR mais il y préfèrera des attaques directes.

-> KAKARI casqué : s’exerce à visualiser très rapidement les opportunités d’attaque, et à juger de la validité de sa coupe.

-> ATTENTION : – il ne s’agit pas encore d’un JI GEIKO, MD reste un instructeur, il ne cherche pas à “marquer” pour son propre compte, son IPPON doit rester un modèle d’enseignement de la coupe pour KKR ou un feed-back pour que KKR prenne conscience d’une erreur dans sa pratique.

– MD n’est pas qu’instructeur, il “apprend à s’imposer devant l’adversaire sans frapper, il apprend à se déplacer efficacement tout en restant en garde”, “les débutants sont d’excellents partenaires pour son entraînement technique” (Yoshimura K.). Ceci se cumule avec les remarques concernant le rôle de MD dans le UKG et les avantages qu’il en retire.

4 – GOKAKU GEIKO ou JI GEIKO (JG)

Il n’est plus question de MD et de KKR. Les deux partenaires ont atteint un bon niveau dans les pratiques précédentes et il est souhaitable qu’il n’y ait pas trop de différence de niveau entre eux.

Ils s’engagent totalement, chacun tentant de saisir l’opportunité au plus tôt pour développer son attaque.

La priorité est laissée toutefois au respect de la forme correcte, de l’adversaire et de l’esprit du BUDO. Tout affrontement sortant de ce cadre amène l’arrêt de l’assaut.

-> ATTENTION : – la pratique de ji geiko n’est pas souhaitable avant le 1er Kyu.

– “il vaut mieux demander le geiko aux pratiquants plus expérimentés, en attendant d’avoir atteint un niveau confirmé” (Yoshimura K.)

5 – SHIAÏ GEIKO (SG)

Les deux kenshi généralement des yudansha s’auto-arbitrent dans un assaut type JI GEIKO

5 – SHIAÏ

Assaut de deux kenshi lors d’une compétition arbitrée

6 – MAWARI GEIKO

Lors d’un cours ou d’un stage les kenshi casqués sont alignés et disposés sur deux lignes, face à face, en vue de s’opposer dans un JI GEIKO ou un SHIAï GEIKO de courte durée (2 à 3 minutes). A la fin du temps imparti et après les saluts d’usage une rotation permet à chacun de rencontrer un nouveau partenaire.

La durée totale du MAWARI GEIKO est à la discrétion de l’instructeur.

7 – KOBUN GEIKO

Il s’agit ici d’enchaîner l’une à la suite de l’autre (sans temps mort) plusieurs séquences entre deux partenaires. Les séquences qui peuvent être enchaînées sont celles décrites plus haut : 1d, 2, 3, 4, 5, et aussi le KIRIKAESHI.

Il est possible d’enchaîner deux, trois, ou plus de séquences. Il est possible de combiner les séquences dans l’ordre que l’on désire. Ces points sont décidés par l’instructeur.

Le partenaire A tient lors de certaines séquences du KOBUN GEIKO le rôle de MD (UKG, HTG, KKRG…), puis à la séquence suivante il peut être l’adversaire égalité de son partenaire B (JG, SG …). A la fin de l’enchaînement, A et B peuvent, à la demande de l’instructeur, inverser leurs rôles.

8 – SHIDO GEIKO

Shido geiko se pratique à un niveau plus élevé avec un MD très expérimenté, capable de “tirer” vers le haut son partenaire de geiko déjà bien avancé dans son art, lors d’un assaut en véritable opposition.

9 – QUELQUES GEIKO SPECIFIQUES :

a- Le Kangeiko :

Etymologiquement Keiko (dans le) froid, consiste a faire Keiko tous les matins pendant une période de 5 a 10 jours d’affilée pendant l’hiver. En général la période choisie est la plus froide vers le mois de Janvier ou de Février et les Keiko commencent tous les matins vers 6:30 (7:00 chez Mitsubishi, mais 6:00 voire plus tôt dans certains Dojo).

Pas d’échauffement collectif ni de Suburi. Les pratiquants arrivent, ouvrent portes et fenêtres, passent la serpillière glacée, se changent et s’équipent. Un petit Mokuso pendant lequel on essaiera de ne pas trembler de froid et hop directement le Jigeiko. La seule satisfaction, matérialise parfois par un petit diplôme, c’est d’avoir participe a tous les Keiko pendant la période du Kangeiko sans en sécher un seul. L’exercice est beaucoup moins simple qu’il n’y parait, surtout pour un occidental accoutume aux salles de sport confortablement chauffées l’hiver. Ici il faut lutter contre le froid, le sommeil, la fatigue, les engelures sous la plante des pieds (surprise garantie pour ceux qui n’en n’ont jamais

eu) et les frissons dans les files d’attente lors des premiers Keiko. Ceci dit le Mokuso du salut final alors que les premiers rayons du soleil commencent à réchauffer le plancher du Dojo, reste un souvenir bien agréable.

Cette tradition du Kangeiko remonte a l’époque ou le Kendo faisait partie de la formation des Samurai. L’accoutumance au froid, l’endurance, l’habitude de se lever tot le matin etaient considérées comme autant de vertus guerrières que ce type d’exercice permettait d’acquérir. (JJ LAVIGNE 28/01/01)

b – Mitori Geiko :

Sans armure mais avec les oreilles et les yeux. C’est le Geiko des yeux. Observer.

c – Hassa Geiko :

Geiko du matin. Il se pratique pendant environ une heure entre 6 et 7 heures ou entre 7 et 8 heures et est suivi par un copieux petit déjeuner.

Rédigé par JPL pour NKLEC

SOURCES :

1 – Collectif de la fédération japonaise de kendo. Bases du kendo. Tokyo : Japan publications, 1973 : 179. Version française (1976) distribuée par La maison du judoka.

2 – Hamot C., Yoshimura K. Découvrir le kendo. Paris : Amphora, 1991 : 132.

3 – Rigoli C.A. Le kendo. Milan : Vecchi, 1996 : 185.

5 – Enseignement de Mr Claude HAMOT.

MD = moto dachi

KKR = kakari